Notre périple pour nous rendre de la Nouvelle-Zélande à Ushuaïa ne fut pas de tout repos, mais il se passa sans problème. Une connexion Auckland-Santiago nous a permis de rallier l’Amérique du Sud en 11 heures de vol. Fait inusité causé par les fuseaux horaires, nous avons reculé dans le temps une fois atterri à Santiago et avons vécu la journée du 30 mars deux fois! De Santiago, nous avons rejoint Buenos Aires, la capitale de l’Argentine où nous devions passer une nuit, car le vol pour Ushuaïa n’avait lieu que le lendemain matin à 7h30. Buenos Aires a deux aéroports, un au centre-ville nommé Aeroparque Jorge Newbery, et un autre en banlieue appelé Ezeiza. Et bien sûr, notre vol de Santiago a atterri à Aeroparque et notre vol du lendemain décollait à Ezeiza, donc nous avons privilégié un logement près d’Ezeiza afin de s’éviter le trajet de plus d’une heure le lendemain.
Le vol du lendemain pour Ushuaïa se fit très bien, moins de 2 heures, et nous voilà enfin arrivés, tout juste avant 10 heures le matin dans la ville la plus au sud du monde. Déjà, le mercure y est de 7-8 degrés et on aperçoit de la neige sur les monts entourant la ville. Nous apprenons que cette neige est tombée la veille et qu’elle est la première de l’année. Et que la semaine que nous allons passer ici sera sous les normales saisonnières, parfait pour des Canadiens non? Le retour a un temps plus froid après des mois passés dans des pays tropicaux allait se révéler plus difficile que nous l’envisagions, mais par chance, nous allions user à bon escient toutes les couches que nous avions traînées dans nos sacs depuis le début du voyage.

Fatigués à cause du décalage et de tout le voyagement, nous attendions le propriétaire du logement que nous avions loué pour la semaine à l’aéroport et en avons profité aussi pour s’informer sur les différents tours proposés sur le canal beagle. Nous étions encore limite dans la saison pour apercevoir des manchots et à la suite de nos insuccès en Nouvelle-Zélande, nous n’allions pas rater notre chance ici. Nous avons donc réussi à réserver pour l’après-midi même une croisière de 5 heures sur le canal beagle jusqu’à l’île où se trouve deux colonies de manchots, les manchots de Magellan et les manchots papou. Selon le vendeur du tour, cela allait être une des dernières journées où il est encore possible de voir les deux espèces de manchots, le manchot de Magellan étant tout près de sa période migratoire vers le nord du continent. Ne sachant si c’était une tactique de vente ou la vérité, nous avons réservé malgré la fatigue qui nous habitait et les heures qu’il fallait tuer d’ici au début du tour.
Nous en avons donc profité pour déposer nos valises à l’appartement que nous avions loué et nous promener dans la ville d’Ushuaïa pour s’acheter une carte sim et échanger des dollars américains pour du pesos argentin. Nous avons aussi pris des viennoiseries et un café à Ana&Juana et ne pouvons que conseiller l’endroit, une vraie gemme. Nous en avons aussi profité pour visiter le centre d’information touristique de la ville où les employés sont très aidants. Heureusement pour nous, la journée était radieuse et le soleil au rendez-vous, ce fut très agréable de se promener dans la ville jusqu’à l’heure du début de la croisière.

La croisière débute. Nous sommes une centaine dans un gros catamaran sur lequel nous allons passer près de 5 heures. Le tour comprend un guide qui explique en espagnol et en anglais tout ce que nous allons voir ainsi qu’un service de photographie pour ceux voulant immortaliser ce moment. Notre premier arrêt, le phare de Faro construit sur un îlot habité de lions de mers et de cormorans. Ce phare est souvent confondu avec le phare du bout du monde situé sur l’île des États dont Jules Verne s’est inspiré pour son roman du même nom.



Prochain arrêt, l’île Martillo où se trouve les colonies de manchots. Plus le bateau s’approchait de l’île, plus on apercevait ces petites bêtes et plus l’excitation grimpait. Enfin, nous allions en voir dans leur habitat naturel. Les manchots sont tout simplement mignons et adorables à observer. Leur démarche maladroite les rend tout aussi attachant. Nous avons passé une bonne trentaine de minutes accosté tout près d’eux et avons pu avoir le temps de bien les observer. L’émerveillement qui nous habite a pu chasser toute la fatigue que nous avions accumulée durant la journée et nous conseillons de faire l’activité. Et pour bien conclure la journée, nous avons aperçu des dauphins sur le chemin du retour, conclusion parfaite à cette première journée en Patagonie.





Nous avons pris les deux jours suivant notre arrivée pour rattraper notre sommeil et nous habituer au mode de vie argentin. Il faut savoir que les heures d’ouvertures et de fermetures des restaurants et magasins sont calqués sur le modèle espagnol, c’est-à-dire, ouverture entre 10h et 15h, fermeture jusqu’à 20h où les magasins ouvrent à nouveau pour le soir jusqu’à minuit. Déstabilisant au début, surtout pour nos habitudes nord-américaines, nous avons pris du temps avant de nous habituer à ce rythme. De plus, il faut dire qu’en Argentine le coût de la vie y est élevé, crise économique oblige, mais la situation s’est calmée un peu avant notre arrivée et les prix, restés élevés, ont cessé de fluctuer depuis quelques mois déjà.


Après ces journées de repos, nous étions dû pour faire notre première randonnée, la laguna Esmeralda. Située à une vingtaine de minutes en voiture d’Ushuaïa, cette randonnée aller-retour de 11 km allait nous permettre de nous dégourdir les jambes tout en découvrant les paysages magnifiques de la région. Pour l’aller, nous avons pris un Uber, ce qui nous revenait moins cher que payer pour un système de navette. Nous n’étions cependant pas du tout équipés pour ce qui nous attendait. Une bonne couche de neige nappait déjà le sol et ce ne fut pas trop long avant que nos souliers de randonnées soient tout trempés. De plus, lors du chemin du retour, toutes les sections boueuses qui étaient prises dans la glace lors de notre passage initial étaient en train de fondre, rendant le sentier très boueux. Malgré ce désagrément et le temps grisâtres, nous avons adoré cette randonnée dans des paysages mythiques et isolés. La sensation de liberté que nous ressentions à faire cette randonnée dans ces contrées tant rêvées enlevait toute sensation d’inconfort que nous pouvions avoir. Cela promettait pour le reste du voyage. Nous avons fait du pouce pour notre retour à Ushuaïa et avons rencontré un jeune couple argentin habitant Buenos Aires et drôle de coïncidence, la fille travaillait pour une compagnie nord-américaine et son rôle était dans les ressources humaines avec mandat au Québec. Elle parlait donc très bien le français en plus de bien connaître notre coin de pays, ce fut vraiment chouette de les avoir rencontrés!







Pour notre avant-dernière journée à Ushuaïa, nous avons voulu faire la randonnée des miradors, petite randonnée située à une vingtaine de minutes de marche de l’appartement que nous avons loué, et dont les avis google nous ont convaincus. Cette randonnée enchaîne le mirador Wallner, Martial et Beagle. Ce que nous n’avions pas prévus fut le fait qu’il fallait monter une ancienne piste de ski dont le dénivelé, l’angle d’approche et la neige fondante rendait le tout fort intéressant. Nous voulions abandonner après une quinzaine de minutes de montée, n’ayant pas du tout du plaisir, mais nous avons constaté que le premier mirador était tout prêt. Et heureusement, ce fut plus facile de là pour nous rendre aux deux autres miradors. Nous avions de belles vues sur Ushuaïa et les montagnes entourant la ville et recommandons ce sentier malgré le défi que représente la montée de l’ancienne piste de ski. Nous avons pris le reste de la journée pour flâner à nouveau dans le centre-ville et, pour Jan, chercher de nouveaux souliers, mais avec la taxe d’importation de 21% sur les marques étrangères, les prix étaient gonflés et nous avons donc attendu d’être au Chili pour en acheter.




Nous avons donc gardé le meilleur d’Ushuaïa pour la fin, le parc national de la Terre de Feu. Ce fut, en plus, une des plus belles journées de notre semaine avec un soleil radieux et des températures ayant grimpées tout près de 15°C, il n’y allait pas avoir de neige sur les sentiers! Il est possible de payer pour un service de navette aller-retour avec plusieurs arrêts dans le parc où se faire déposer, mais nous avions trouvé le prix par personne légèrement élevé. Nous avons préféré prendre un Uber jusqu’à l’entrée du parc et seulement payer la navette de retour avec ramassage à Bahia Lapatia. Cela allait nous permettre de marcher environ 20 km en combinant plusieurs sentiers du parc et admirer plusieurs points de vue de cet endroit magique. Nous avons passé devant la gare de train du parc, sommes arrêtés à la poste la plus au sud du monde, et avons combinés les randonnées suivantes : senda costera, paseo de la isla, laguna negra, senda de la baliza et mirador lapataia. Les vues sur la Bahia avec les montagnes enneigées au loin furent de toute beauté. Ce furent aussi des paysages uniques et auxquels nous sommes peu habitués. Ce parc d’Ushuaïa vaut définitivement le détour pour tout amoureux de plein-air et de randonnées.






Pour nous récompenser de tout l’effort fait au cours des derniers jours, nous nous sommes pris de la pizza pour souper. Nous en avons commandé deux, mais nous avons clairement ambitionné. Il faut savoir que la pizza en Argentine est servie sur un pain plus épais que la croûte mince à laquelle nous sommes habitués au Québec. Et en plus, les Argentins ne se gênent pas en garniture et fromage. Il y a facilement 2 kg de fromage sur la pizza et on peut retrouver tout ce que l’on veut sur celle-ci, dont des œufs cuits. Après 3 pointes de pizza, nous étions déjà repus et impossible de la garder pour le lendemain car nous prenions le bus à 3 heures du matin pour Punta Arenas et le Chili. Nous avons donc déjeuné de la pizza à 2 heures du matin et mis les pointes qui restaient dans des ziplocs pour plus tard. Tous les moyens sont bons pour éviter le gaspillage en tour du monde et malgré les chaînes de conservation brisées, nous n’avons pas été malade!