Nous voilà de retour à Puerto Natales au Chili après une journée passé dans le bus. Depuis El Chalten, il nous a fallu rejoindre El Calafate afin de revenir à Puerto Natales. Le trajet s’est fait tout de même rapidement. Nous allions passer une nuit et toute la journée du lendemain avant d’embarquer sur le traversier de Navimag qui allait nous amener à Puerto Montt.
Navimag est une compagnie de traversiers qui accueille aussi des touristes en haute saison qu’en basse saison. Le prix est de 400 USD (300 USD en basse saison) et comprend un lit en cabine mixte ainsi que trois repas par jour. En haute saison, plusieurs services additionnels sont offerts, tels que des séances de yoga, des visites guidées et des explications plus détaillées sur les fjords. Les départs sont également plus fréquents à cette période, la météo étant plus clémente. Fin avril, nous étions en basse saison et la date de notre départ avait déjà été repoussée à deux reprises avant notre arrivée à Puerto Natales.

Après avoir passé la journée à flâner dans la ville, cherchant des cafés et marchant le long du bord de mer jusqu’à l’heure du pré-embarquement, nous nous sommes rendus au point de rencontre où nous avons appris que l’embarquement était repoussé de 24 heures. Le bateau ne pouvait pas accoster en raison de fortes rafales. Heureusement, l’embarquement a pu avoir lieu le lendemain, et le navire s’est mis tranquillement à naviguer dans les fjords jusqu’à destination.




Nous étions peut-être une vingtaine de passagers, majoritairement des Chiliens, ce qui est peu au regard du nombre de cabines. Nous avons été surclassés dans une cabine de quatre lits pour nous seuls, ce qui est fréquent. Les repas, copieux, sont servis à heure fixe. Il n’y a aucune connexion internet et il est possible de sortir sur le pont pour admirer les paysages. Habituellement, le trajet dure 4 jours et compte un arrêt à Puerto Eden. Il y a un passage, le golfe de Penas, la mer se montre plus agitée, mais cela se passe durant la nuit et des comprimés antinauséeux sont fournis au besoin.




Nous avons adoré notre expérience globale : ce fut parfait pour nous reposer, déconnecter et soigner notre fin de grippe que nous avions attrapé la semaine précédente. Malgré le temps pluvieux et grisâtre, nous avons eu la chance de voir des paysages et une partie de la Patagonie accessible uniquement par voie maritime. Il faut cependant disposer de temps pour ce voyage, car la météo peut entraîner des retards. Au final, nous avons passé près de six jours sur le bateau, dont 24 heures dans les eaux de Puerto Montt à cause des vents qui empêchaient l’accostage. Cela nous a fait perdre un à deux jours de visite dans le district des lacs chiliens.




District des lacs
Avant de traverser en Argentine pour visiter Bariloche, nous avions trois jours pour explorer la région des lacs au Chili. Nous avons loué une voiture afin de faciliter nos déplacements et d’être plus indépendants sur la route.
Une fois débarqués du traversier et en possession de la voiture, nous avons pris la direction de Frutillar. Ce petit village pittoresque est situé au bord du lac Llanquihue. On y observe une forte influence allemande, héritage des vagues d’immigration du début du XXe siècle. Cette influence se retrouve dans l’architecture des bâtiments, mais aussi dans la gastronomie : on y déguste des Apfelstrudel, et même les noms des boutiques rappellent l’Allemagne. Par temps ensoleillé, on profite d’une vue spectaculaire sur le volcan Osorno, volcan conique emblématique au sommet enneigé.



La région des lacs est réputée pour sa végétation luxuriante, ses nombreux volcans et ses parcs nationaux. C’est une destination de choix pour tout amoureux de plein air et la porte d’entrée vers la Patagonie.


Nous avons également visité le parc national Vicente Pérez Rosales, le plus ancien du Chili, afin d’admirer les chutes de Petrohué. Il est aussi possible d’y faire une courte randonnée dans la végétation dense du parc. L’entrée coûte 7 500 pesos chiliens par personne et, même si le parc est petit, les chutes valent vraiment le détour.



Nous avons ensuite poursuivi jusqu’au village de Petrohué, où il est agréable de se promener le long du lac Todos los Santos. C’est aussi de là que partent les bateaux pour une croisière sur le lac, une activité de quelques heures que nous n’avons pas faite, mais qui nous a été chaudement recommandée. Il est également possible, depuis Petrohué, de faire une randonnée de quelques heures jusqu’au mirador La Picada, qui offre de superbes vues sur le volcan Osorno. Faute de temps, nous avons dû renoncer à cette option.

De Petrohué, nous avons emprunté la route V-69 jusqu’à Cochamó, petit village pittoresque. Les paysages fjordiens étaient magnifiques : la route longe l’estuaire de Reloncaví. Nous avons poussé jusqu’à Puelo, mais avons vite constaté qu’il n’y avait plus grand-chose à voir ou à visiter.
Avant de conclure notre journée, nous avons fait une dernière randonnée : Salto del Río Blanco, à Las Cascadas. Après une trentaine de minutes de marche, on atteint une gigantesque cascade surgissant de la végétation. L’entrée est laissée à la contribution volontaire.




Le lendemain, devant rendre la voiture de location pour 15 h, nous avons profité de la matinée pour visiter le parc national Alerce Andino. Plusieurs randonnées y sont proposées, mais malheureusement celles menant aux lacs étaient fermées. La marche que nous avons choisie nous a menés jusqu’à quelques cascades et à un mélèze vieux de plusieurs milliers d’années ! Nous conseillons vivement la visite de ce parc charmant, situé non loin de Puerto Montt.



Une fois la voiture restituée, nous avons pris une navette pour Puerto Varas, où nous allions passer notre dernière nuit avant de prendre un bus pour rejoindre Bariloche, en Argentine. Puerto Varas est une autre ville marquée par l’architecture coloniale des premiers Européens d’origine germanique, arrivés dans la région au début du XXe siècle. L’Iglesia del Sagrado Corazón de Jesús, imposante, trône en plein centre. La météo n’était pas au beau fixe, mais depuis les rives du lac, on peut apercevoir le volcan Osorno au loin, offrant un panorama spectaculaire.


Bariloche et les 7 lacs
Après un trajet de bus de plusieurs heures, nous sommes enfin arrivés à Bariloche, ville emblématique de la Patagonie. Fondée il y a plus de 100 ans, elle est surnommée la Suisse de l’Amérique du Sud en raison de son architecture de style alpin, mais aussi pour ses montagnes et paysages environnants. En hiver, c’est une station réputée pour le ski alpin et, le reste de l’année, une destination privilégiée pour la randonnée.
La gare routière se situe à l’entrée de la ville ; il nous a donc fallu marcher une vingtaine de minutes pour rejoindre notre auberge. Nous avons profité de la soirée pour explorer le centre historique, où nous avons dégusté une fondue au fromage au Fondue Club avant de succomber à un dessert chocolaté chez Mamuschka.




Le lendemain matin, nous avons récupéré notre voiture de location. Au programme : parcourir la célèbre Ruta 40 jusqu’à San Martín de los Andes, en marquant des arrêts aux différents lacs et villages. Le soleil n’était pas au rendez-vous, mais nous comptions bien profiter des paysages majestueux qui s’offriraient à nous.

Premiers arrêts : les Mirador del Limay et Paso Coihue offrant de superbes vues sur le lac Nahuel Huapi. Nous avons par la suite repris la route jusqu’à Puerto Manzano où nous avons marché sur la Playa Río Bonito. La combinaison des vues sur le lac, de la végétation et des routes nous ont grandement fait penser au Canada et plus précisément la région des Laurentides.
Nous nous sommes ensuite arrêtés au village touristique de Villa La Angostura, où nous avons pris le temps de nous dégourdir les jambes et d’acheter quelques empanadas pour le déjeuner. Ce village est une halte incontournable de la région, connue pour ses boutiques souvenirs, cafés et restaurants.




Nous avons passé l’après-midi à enchaîner les différents miradors et points de vue sur les lacs Espejo, Correntoso, Escondido, Falkner, Machónico et Lácar. Plus la journée avançait, plus le ciel se couvrait et la pluie menaçait. Heureusement, nous avons eu le temps de faire la randonnée menant aux cascades Ñivinco. Cette marche d’environ une heure comporte un passage mémorable : traverser à pied un cours d’eau glacé. Pieds nus, les 30 secondes de traversée nous ont semblé interminables ! Mais la beauté des cascades nous a rapidement fait oublier ce petit supplice. Le stationnement pour accéder au sentier est payant et géré par un habitant du coin. De retour au véhicule, nous avons échangé avec lui ; il nous a alors conseillé deux endroits à visiter le lendemain. Nous avons finalement rejoint San Martin de los Andes où nous avions trouvé un petit appartement confortable où passer la nuit.







Sur notre chemin de retour vers Bariloche, nous avions prévu de visiter deux endroits conseillés la veille, ainsi que de nous arrêter à certains points de vue que nous n’avions pas eu le temps de découvrir à l’aller. Notre premier arrêt fut la Islita, située dans le lac Lácar. Pour l’atteindre, nous avons emprunté une route de gravier qui s’enfonce dans un chemin boisé, jusqu’au camping de la Playa Bonita, d’où l’on peut apercevoir la petite île. L’endroit est charmant et la plage doit être très agréable en été, mais en ce jour froid, l’idée d’une baignade n’était pas envisageable. Nous sommes revenus par le petit chemin bordé de jolies maisons de campagne.


Le deuxième arrêt recommandé fut les Pozones de Caleufú. Depuis la Ruta 40, il suffit de prendre l’embranchement vers la route 63, en dépassant Villa Meliquina. La piste, bien que non asphaltée, se parcourt relativement facilement et il faut compter environ une heure pour atteindre le site. Dès notre arrivée, nous avons été frappés par la couleur bleu cristallin de l’eau de la rivière, serpentant entre rochers et formations érodées. Entouré de végétation et de montagnes, le panorama est tout simplement à couper le souffle, évoquant certains paysages d’Amérique du Nord. Une belle découverte que nous recommandons vivement.





De retour à Bariloche, nous avons séjourné deux nuits au Universal Traveller’s Hostel, tenu par de jeunes hôtes très sympathiques. Le petit-déjeuner inclus était délicieux, et l’auberge s’est révélée être un excellent point de départ pour notre dernière journée d’exploration avec la voiture : le Circuito Chico.




Cette route panoramique, célèbre dans la région, peut se parcourir aussi bien en voiture qu’à vélo. Elle offre de nombreux arrêts : randonnées, points de vue spectaculaires et pauses gourmandes. L’un de nos coups de cœur fut Villa Llao Llao, où se dresse un hôtel cinq étoiles à flanc de colline, donnant presque l’impression d’être dans les Alpes. Non loin de là, nous avons emprunté le sentier forestier Sendero de los Arrayanes, offrant de belles vues sur le lac Moreno. Nous avons poursuivi avec Bahía Llao Llao, le pont romain et le Lago Escondido (à ne pas confondre avec celui de la route des 7 lacs), avant de conclure au pont Arroyo La Angostura. Pour terminer en beauté, rien de tel qu’un arrêt à la microbrasserie Patagonia : une bonne bière et des vues superbes sur le lac Perito Moreno.



Malgré la météo grise, nous avons adoré parcourir le Circuito Chico, l’un des plus beaux coins de Bariloche. Il était déjà temps de rendre la voiture après ces quelques jours dans la région, et de préparer notre départ. Le lendemain, nous avons pris le bus pour Puerto Montt, au Chili, puis un bus de nuit jusqu’à Santiago. Ce départ marquait la fin de plus de cinq semaines d’exploration, de randonnées et de moments passés au grand air dans l’une des régions les plus sauvages du monde. La Patagonie nous aura autant émerveillés qu’épuisés, mais elle nous laisse des souvenirs inoubliables, des expériences uniques et des paysages d’une beauté rare.