Nous en savions peu sur l’histoire du Cambodge et de l’existence de Pol Pot et des Khmers rouges avant notre arrivée au Cambodge, mais notre présence à Phnom Penh allait nous permettre dans savoir davantage sur les atrocités et le génocide qui a eu lieu au Cambodge entre 1975 et 1979. Aux prises avec une guerre civile au début des 1970, conséquence de la guerre du Vietnam, les Khmers rouges prirent le pouvoir le 17 avril 1975 lorsqu’ils entrèrent dans la capitale Phnom Penh. Leur premier ordre fut de faire vider la ville de tout citoyen, ce qui entraîna la première phase migratoire de la population vers les zones rurales pour y travailler la terre. En effet, Pol Pot voulait transformer le pays en une république socialiste agraire autosuffisante et força donc la population à travailler dans les champs en permettant seulement de faibles rations afin d’affaiblir toute tentative de révolte du peuple.
L’idéologie de Pol Pot et des Khmers rouges fut aussi antiélitiste et ethnique. Sous son régime, toute trace capitaliste comme l’argent fut bannie et remplacée par le troc. Et toute personne perçue comme étant intellectuelle, éduquée, diplômée, polyglotte, ou encore portant des lunettes ou ayant des mains délicates, étaient vus comme l’ennemi et exterminée. Une fois au pouvoir, une extermination systématique de l’élite cambodgienne, mais aussi des minorités ethniques habitant le pays a eu lieu. De 1975 à 1978, plus d’un million de Cambodgiens ont perdu la vie. Et signe d’une paranoïa des leaders du régime, cela s’est étendu à tout cambodgien qui n’aurait pas suivi les règles mises en place. Et cela n’a pas pris de temps que des membres des khmers rouges étaient eux aussi exterminés sous différent prétextes bidons. On dénombre le nombre de morts durant la période des khmers rouges entre 2 et 3 millions, soit le quart de la population du Cambodge à l’époque.
Centre commémoratif du génocide Choeung Ek – la visite d’un killing field

En date d’aujourd’hui, plus de 300 killing fields ont été découvert à travers le pays. Choeung Ek est l’un d’eux. Situé à une trentaine de minutes de Phnom Penh et de la prison Tuol Sleng, on y a dénombré 20 000 personnes tuées sauvagement par les khmers rouges. La vaste majorité de ces gens venait de la prison Tuol Sleng où ils avaient été questionnés et torturés. Ce centre est conçu pour qu’on apprenne sur ce qui s’est passé sur ce site, un audio-guide étant offert à l’achat du billet d’entrée. Tout au long du parcours nos poils se dressent en entendant les horreurs qui y ont été commises, la méthode d’exécution inhumaine que les bourreaux ont employée, sachant qu’aucune balle n’était utilisée, mais aussi toutes ces vies perdues pour rien parce qu’un psychopathe pensant avoir LA vérité pour son peuple était au pouvoir. Ce fut une visite éprouvante pour le moral, mais nécessaire afin de ne pas oublier et s’assurer que cela ne se reproduira pas.
Tuol Sleng – visite de la principale prison des khmers rouges

Autre visite importante de mémoire du génocide cambodgien, la prison de Tuol Sleng. Cette visite nous a ouvert les yeux sur toute la cruauté et le mauvais dont l’Humain est capable. Ancien lycée, les bâtiments abritant autrefois des classes ont été réaménagés en cellules et salles de tortures. On y amenait pour interrogation toute personne qui aurait été perçue comme un ennemi ou une menace du régime en place.

Plusieurs choses nous ont frappés et marqués lors de notre visite. Tout d’abord, le jeune âge des bourreaux. Pol Pot avait recruté de jeunes enfants et adolescents issus des campagnes lors de sa guerre contre le pouvoir en place dans les années 1970. Facilement manipulable, ceux-ci crurent les idéaux avancés par Pol Pot et les khmers rouges et obéissaient aux ordres qui leurs étaient donnés. Comme mentionné plus haut, une fois l’emprisonnement, la torture et l’extermination des intellectuels complétés, on amena à cette prison toute personne qui était soupçonnée d’être un traître, un espion ou qui avait commis une faute à l’encontre des règles imposées par le régime. On parle ici d’une personne qui aurait ramassé un fruit à terre ou qui se serait effondré de fatigue à force de travailler sans relâche dans les champs.

Cela nous a pris plusieurs heures faire toutes les salles de l’ancienne prison, nous promenant de bâtiment en bâtiment au rythme des explications de l’audio-guide. Ce musée d’archives est marquant, car on y retrouve beaucoup de photos de prisonniers qui ont transité dans cette prison ainsi que celles des bourreaux. D’après une information prise de l’audio-guide venant d’une spécialiste des génocides et systèmes autoritaires, la bureaucratie et le besoin de documenter joue un rôle essentiel dans la déshumanisation, facilitant le détachement qu’un bourreau aurait envers sa victime. D’ailleurs, une fois le prisonnier arrivé à la prison, celui-ci se fait donner un numéro qui servira d’identifiant tout le long de son séjour avant qu’il soit ultimement mené à Choeung Ek. Seulement 12 prisonniers sur les 18 000 qui ont transigés par Tuol Sleng ont survécus.
Ce fut encore une fois une visite éprouvante et dure à faire par les horreurs qui nous ont été racontées. Il faut faire acte de mémoire et ne pas laisser ces atrocités et ces vies perdues être oubliées pour que l’histoire ne se répète pas.