N’étant au départ qu’un pays à visiter, la Bosnie-Herzégovine nous a tout de suite charmé et devint rapidement un de nos coups de cœurs des Balkans. Que ce soit pour les gens, pour l’histoire du pays et de Sarajevo, ou encore du mélange de culture entre l’occident et l’orient, ce pays offre tant à ces visiteurs. Depuis la fin de la Guerre de Bosnie, ce pays est une république fédérale divisé en deux entités autonomes, la fédération de Bosnie-Herzégovine et la république Serbe de Bosnie. Nous avons passé la majeure partie de notre séjour en fédération de Bosnie, soit à Mostar et Sarajevo. Nous avons par la suite pris une voiture de Sarajevo et avons sillonné les montagnes vers Trebinje, ville se trouvant en république Serbe de Bosnie. Traversé d’une entité à l’autre revient à passer du Québec vers l’Ontario, c’est-à-dire sans contrôle ou changement particulier même si la Guerre ayant eu lieu de 1992-1995 a laissé des cicatrices encore fraîches.
Mostar - premier contact avec l'Orient
Nous sommes entrés en Bosnie-Herégovine par autocar de Split pour nous rendre à Mostar. Ne faisant pas partie de l’Union Européenne, il nous a fallu attendre une trentaine de minutes aux douanes pour la vérification des passeports. Avec près d’une heure de retard, nous étions finalement à Mostar, mais l’arrêt du bus se trouvait en banlieue et non près du centre historique de la ville. Il nous a donc fallu une quarantaine de minutes à pied pour rejoindre notre hébergement. Notre visite de la ville s’est essentiellement tenue à la vieille ville et au pont de pierres d’architecture Ottomane. La Bosnie-Herzégovine compte une forte population musulmane et cela se perçoit par le nombre de mosquées présent dans la ville. Nous avons même entendu le chant de la prière depuis la rue lors de notre visite de la ville. Il est possible de se rendre dans les quartiers plus éloignés pour voir et apprendre davantage sur les dégâts qu’il y a eu à Mostar durant la Guerre de Bosnie. En effet, cette ville fut l’une des plus touchée avec Sarajevo; même le pont de pierre emblématique de la ville fut détruit durant cette période. En passant sur l’autre rive de Mostar, nous en avons profité pour acheter notre billet de train pour nous rendre à Sarajevo le lendemain, la route étant scénique et plus agréable qu’en bus. Ce que nous n’avions pas prévu fut le fait que ce train n’a que deux connexions par jour vers Sarajevo, une à 6h33 du matin et une à 19h56 du soir. Nous avons pris le plus tôt, jugeant qu’une journée de visite de Sarajevo en valait plus la peine.
En soirée, nous avons soupé un repas traditionnel bosnien; choux et poivrons farcis avec viandes grillées. Cela fut délicieux en plus d’être abordable. En Bosnie, la monnaie est le Mark et 1 Mark équivaut à 0,76 CAD ou 0,5 euro, bref, nous allions enfin nous sortir gagnant au change.
Sarajevo la malmenée
Nous nous sommes réveillés tôt pour notre départ vers Sarajevo. Le trajet en train fut merveilleux car celui-ci suit la rivière Neretva jusqu’à Jablanica avant de couper dans les terres vers Konjic et finalement Sarajevo. Cela nous a permis d’admirer les vallées et montagnes propres à la Bosnie. La Bosnie représente la région du nord du pays alors que l’Herzégovine, la région du sud. Une fois à Sarajevo, il était frappant de voir encore des impacts sur les murs des édifices et d’observer l’architecture Yougoslave de la gare de train, mais aussi des bâtiments entourant celle-ci. Nous étions un peu en périphérie du centre de la ville et avons donc pris le tram pour nous rapprocher de notre hostel. Une fois les bagages déposés, nous avons aussi profité de l’occasion pour faire une brassée de vêtement via le service offert par l’hostel et sommes par la suite allés déjeuner au brunch sa, un resto tendance tout juste à côté de la vieille ville Ottomane. Cela nous a donné l’énergie nécessaire pour explorer la ville. Nous nous étions arrêtés au cimetière de Kovaci, traverser la rivière via le pont de Šeher-Ćehaja et aperçu le pont latin, pont historique où a eu lieu l’assassinat de l’archiduc Franz Ferdinand en 1914. En fait, il n’a pas été assassiné sur le pont mais juste devant, et par le 7e et dernier assassin envoyé ce jour là par l’organisation nationaliste serbe la main noire. Allez lire sur la journée de l’assassinat, cela en vaut la peine!
Suite à cette brève exploration du centre de Sarajevo, et voulant fuir la chaleur caniculaire, nous avons fait deux musées, celui du Génocide de 1992-1996 et celui sur le siège de Sarajevo. Ces musées furent très lourds par leurs contenus, mais essentiel à faire car il est important de ne pas oublier les atrocités qui ont été commises. De plus, nous ne connaissions que très peu sur ce conflit et cela nous a vraiment interpellé. Nous les recommandons vivement, mais peut-être pas dans la même journée pour pouvoir digérer et assimiler toute l’information offerte. Ces musées sont conçus principalement autour des témoignages des survivants du Génocide et des habitants de Sarajevo durant le siège. Sachant que la fin de ce conflit n’est arrivée qu’il y a 30 ans à peine, nous en sommes ressortis ébranlés sachant que certaines cicatrices doivent encore être vives pour certains.
Voulant en apprendre davantage sur l’histoire de Sarajevo, mais aussi sur le siège le plus long de l’histoire Moderne, nous avons réservé pour notre 2e journée à Sarajevo deux walking tour. Le premier nous permis d’en apprendre plus sur les grands pans de l’histoire de la ville, de sa fondation par les Ottomans à aujourd’hui. La guide locale fut excellente et très passionnée par sa ville et cela se fit sentir dans son tour et ces explications. En plus de visiter les attraits principaux de la ville, notre guide nous a fait découvrir le bâtiment le plus laid de la ville et goûter des friandises turques d’une confiserie locale, une chouette attention de sa part. Nous y avons aussi appris qu’il n’y a plus de McDonald’s en Bosnie-Herzégovine depuis que le dernier franchisé de la chaîne faisait des magouilles avec les loyers. La chaîne a tout simplement décidé de quitter le pays suite au scandale pour ne pas ternir son image. Malgré les kilomètres et la culture qui nous séparent de la guide, nous nous entendions sur le fait que les frites du Mcdo sont les meilleures de tous les fast food.
Une fois ce premier tour de la journée complété, nous sommes retournés à l’hostel nous préparer pour notre deuxième tour qui s’est trouvé être avec la même guide. Ce tour était axé sur le siège de Sarajevo de 1992 à 1996 où histoires personnelles et visites des endroits marquants du siège étaient au menu. Très vite, nous en avons appris davantage sur les conditions difficiles dans lesquelles les citoyens devaient vivre, sans eau, ni électricité, à risque de mourir car l’envahisseur bombardait la ville quotidiennement avec des shrapnels, obus chargé de balles projetées lors de l’explosion. D’ailleurs, tous les impacts encore visibles sur les bâtiments de la ville ont été causés par ces obus. Il y eu aussi la sniper alley, grande artère à découvert d’où les snipers ennemis ciblaient les civils qui n’avaient d’autre choix que de la franchir en courant pour se rendre à leur travail ou tout simplement chez eux. Et tout cela, devant les yeux impuissants des casques bleus déployés sur place et qui avaient ordre de ne pas intervenir. Ce tour fut fort intéressant car il nous permit de visiter d’autres secteurs de Sarajevo en plus d’en apprendre davantage sur le pays. Fait intéressant: le drapeau de la Bosnie-Herzégovine n’a aucune signification. Ce sont les Nations-Unis qui l’ont conçu une fois la guerre terminée, le faisant le plus simple possible pour ne pas offenser personne.
Dans notre groupe, il y eu un québécois et son ancien colloque français qui a séjourné quelques années à Montréal. À la fin du tour, nous sommes allés prendre un verre et souper avec eux, profitant ainsi de notre dernière soirée à Sarajevo, ville qui nous marquera à jamais.
Sur les routes de la Bosnie-Herzégovine – Début de notre road trip dans les Balkans
Le matin il était temps de prendre notre voiture que nous avions réservé pour deux semaines et continuer notre exploration de la Bosnie-Herzégovine et les Balkans jusqu’à Skopje, capitale de la Macédoine du Nord. Notre journée ne commença pas du bon pied. En effet, un de nos cochambreurs de l’hostel s’est réveillé au même moment que nous pour nous mentionner qu’il avait été incommodé toute la nuit par des punaises de lit. Il nous a même montré ceux qu’il avait réussi à tuer. Ne sachant pas trop comment réagir, nous avons quitté comme si de rien était et sommes allés chercher notre voiture. Ne pas avoir su le fin mot de l’histoire nous a un peu gâché les jours suivants car nous n’avions que les punaises en tête. Nous avons éventuellement réglé le problème quelques jours plus tard, mais d’ici à ce que vous en sachiez plus, voici nos arrêts en voiture en Bosnie-Herzégovine.
Konjic
Notre premier arrêt se fit à Konjic. Cette petite ville charmante sur les deux rives du Neretva doit elle aussi son architecture des Ottomans qui y bâtirent mosquées et un pont de pierre en arches tel que déjà vu à Mostar ou Sarajevo. Nous y avons pris notre petit-déjeuner avant de continuer notre route dans les montagnes.
Visocica et les montagnes de Bosnie
Conduire sur les routes montagneuses de Bosnie n’est pas dangereux en soi, il suffit d’user de gros bon sens et suivre le trafic tout en ne se laissant pas stresser par les autres. Et surtout, ne pas craindre les routes étroites à flanc de montagnes. La route pour se rendre dans les chaînes de montagnes du Visocica se fit sans encombre et valu la peine tellement les vues et le panoramique étaient de toute beauté. Nous avons aussi pu faire une courte randonnée à Crveni Kuk, sommet de 1733 mètres où un mémorial à des soldats morts durant la Guerre est érigé. Même si plusieurs ont fait la randonnée depuis la fin de la Guerre, il est toujours spécial de se promener dans un pays où 2% de son territoire est encore recouvert de mines, surtout lorsque le gouvernement ne sait pas où elles sont placées dues à des glissements de terrains ou autre catastrophes naturelles. Seul conseil que nous pouvons donner, suivre les chemins balisés et tapés.
Blagaj Tekke
De Crveni Kuk, nous avons repris la route pour Blagaj Tekke, monastère soufi construit sur des falaises tout près de Mostar. Pour s’y rendre, nous devions emprunter d’autres routes de montagnes. Notre voiture de location n’avait aucun mal à franchir le tout et nous adorions notre expérience de conduite. Surtout que les routes sont peu empruntées, donc facile d’avoir la paix. Sur place, il est possible de se garer à un peu plus de 5 minutes de marche de l’entrée du monastère ou alors de se rendre jusqu’à l’entrée pour 4 Mark, ce que nous avons malheureusement fait. Il fallait avancer dans la rue étroite entre les touristes se rendant au monastère à pied et les vendeurs de souvenirs positionnés sur le côté. Cela a engendré une petite crise de nerf dans l’habitacle mais une fois stationné, tout est revenu à la normale. C’était très impressionnant de voir le monastère aux murs blancs à flanc de montagne et, avec le soleil qui réfléchissait sur les murs et la rivière coulant juste à côté, nous avons retrouvé un peu de sérénité. Pour revenir sur nos pas, il a fallu sortir par reculons jusqu’à ce qu’il soit possible de faire un u-turn. Durant la manœuvre, deux grosses vans Mercedes nous ont dépassés et nous nous demandions comment diable ils allaient faire pour ressortir. Bref, nous ne vous conseillons pas de vous rendre jusqu’au dernier parking pour vous garer.
Trebinje
Nous sommes arrivés à notre logement à Trebinje un peu avant le coucher du soleil. Celui-ci était un peu en retrait du centre-ville, parfait pour stationner l’auto sans encombre. Le lendemain, nous avons pris une heure à arpenter la vieille ville de Trebinje où nous avons vu une église Orthodoxe, des fortifications et un pont de pierres d’architecture Ottomane. Il était déjà temps de quitter la Bosnie-Herzégovine pour notre day trip à Dubrovnik.
La Bosnie-Herzégovine nous aura marqué positivement. Ce pays mérite d’être découvert et son histoire, entendue. Nous aurions aimé être resté plus longtemps et découvrir encore plus de paysages, de villages et croiser la route de plus de gens. Il y a en effet une route des lacs dans le parc national de Blidinje qui peut en valoir la peine ainsi que la visite des chutes de Kravica. Mais bon, ce sera pour une prochaine fois peut-être.



