De retour à l’hostel après notre trek, il nous fallait faire nos valises, car le lendemain matin nous prenions un bus de plus de 6 heures pour rejoindre El Calafate en Argentine. Ce fut pour nous notre première expérience à rouler sur l’emblématique ruta 40, route nationale qui relie le pays du nord au sud sur près de 5000 km en longeant la cordillère des Andes. Une fois arrivés à El Calafate, nous avons contacté l’hôte de l’appartement dans lequel nous allions résider pour les prochains jours et avons fait une épicerie en plus d’aller déposer notre linge sale à une buanderie située non loin. Ce qui nous frappa le plus, une fois à El Calafate, fut le fait que la ville soit construite au milieu de nulle part, sur une plaine entourée de montagnes massives, au bord du lac Argentino. Elle est la ville principale servant de port d’entrée au Parc national Los Glaciares et du magnifique et imposant glacier Perito Moreno.
Ayant prévu la visite du glacier Perito Moreno le deuxième jour de notre arrivée, nous avons profité de notre première journée pour visiter la réserve Laguna Nimez. Cette réserve abrite de nombreuses espèces d’oiseaux de la région dont des canards, des cygnes et même des flamants roses. Au coût de 12 000 ars, il est possible d’accéder au sentier de 5 km et d’observer les oiseaux dans leur habitat naturel, le site comprenant plusieurs lagunes et un accès au lac Argentino. Nous y avons passés facilement deux heures et avons pu apercevoir des flamants roses, nous conseillons ce lieu magnifique. De plus, il offre de belles vues sur les montagnes de la Cordillère.



Nous avons par la suite visité la rue principale et touristique d’El Calafate et avons constaté que le prix des souvenirs était mirobolant, pire qu’à Ushuaïa qui pourtant, est la ville la plus au sud d’Argentine. Nous conseillons de faire les emplettes souvenirs dans une autre ville qu’ici.
Le glacier Perito Moreno – un mastodonte de glace des plus impressionnants
Il est possible de rejoindre le parc national à l’aide de navettes quittant la gare d’autobus d’El Calafate, moyen le plus économique pour une personne ou un couple. Si vous êtes plus que 3, l’option de prendre le taxi ou la location d’une voiture deviendrait plus économique. Il faut dire que la Patagonie coûte cher. Nous l’avions constaté à Ushuaïa et Torres del Paine, mais à El Calafate c’est un autre niveau. L’entrée par personne pour le parc est de 45 000 ars soit 45 USD pour une journée seulement. Ensuite, la navette aller-retour nous est revenu à plus de 100 CAD, ce n’est pas donné. Nous sommes arrivés à 10 heures au débarcadère et la navette repartait à 14h30. Nous avions donc plus de 4 heures sur le site.


Les différentes plateformes permettant de voir le glacier sous tous ces angles se font très bien dans le temps qui nous était alloué. Nous en avons donc profité pour prendre tout notre temps pour contempler le glacier et de constater à quel point il est imposant. Nous avions une vue incroyable sur son front qui mesure 5000 mètres de longueur et 60 mètres de hauteur. Jusqu’à tout récemment, il était un des rares glaciers à rester stable, voire à progresser. Mais depuis 2020, il a été démontré que le glacier à perdu de la masse, principalement causé par le changement climatique. Autre fait intéressant sur le glacier, son nom vient du scientifique Francisco Pacasio Moreno, surnommé el Perito (l’expert), qui a joué un grand rôle dans la cartographie de la Patagonie.



Le glacier est tout simplement fascinant. L’expérience et l’observation de celui-ci est aussi auditive car on entend de temps à autres la glace craquer, le bruit nous rappelant le tonnerre. Et nous avons même pu voir des blocs de glace se détacher du glacier. L’expérience globale fut plus que satisfaisante et nous sommes ressortis émerveillés d’avoir pu admirer ce phénomène de la nature d’aussi près.



La visite d’une Estancia
Lors de notre dernière journée à El Calafate, nous avons voulu visiter une estancia, l’équivalent d’un ranch d’Amérique du Sud. Celles-ci sont typiques en Patagonie, ayant crû de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle. Lors de la colonisation de la Patagonie, les premiers colons ont vite compris que ces plaines arides, où le vent est roi, ne recelaient pas d’abondance et de richesse contrairement à d’autres régions d’Amérique du Sud. Néanmoins, ces plaines furent idéales pour le pâturage et l’élevage de bétail. Initialement, ce fut l’élevage de mouton qui prédominait dans la région, le commerce de la laine étant très fort au début du XXe siècle. Cependant, avec la concurrence d’autres pays dans les années 1950, l’élevage de moutons pour la laine céda tranquillement sa place à celle de la viande de moutons, et éventuellement, pour la viande bovine. Et vers les années 1990, les estancias se tournèrent de plus en plus vers le tourisme, transformant leur demeure en auberge et restaurant tout en proposant des visites guidées.


Il est possible de visiter plusieurs estancias dans la région et notre choix s’est arrêté à Estancia 25 de Mayo. La visite nous a permis d’en apprendre davantage sur l’histoire des estancias en Patagonie, mais aussi de voir en action un Gaucho, l’équivalent du cowboy, qui avec l’aide de son chien, ramenait un troupeau de mouton au bercail. Vint ensuite la démonstration de la tonte de mouton, essentiel à la survie de l’animal. Car oui, si la laine n’est pas tondue, celle-ci continue à pousser, ce qui peut engendrer la formation de bactéries à long terme et, dans le visage, empêcher le mouton de voir et de manger en hiver suite à l’accumulation de neige et de glace. La tonte est aussi faite de manière très régulière durant l’année afin de s’assurer que l’animal aie de quoi se réchauffer durant l’hiver rugueux de Patagonie.



Un souper était inclus dans le forfait que nous avons choisi soit un Asado, barbecue typique argentin. En plus du mouton, il y avait du chorizo et quelques autres pièces de viande. La soirée s’est terminée avec un spectacle de chant et de danse traditionnelle argentine. Nous ne pouvons que conseiller la visite d’une estancia et surtout celle du 25 de Mayo!



El Chalten – La mecque des randonneurs
Il était déjà temps de quitter El Calafate pour rallier El Chalten, prochain arrêt dans le sud de la Patagonie. Nous allions y passer près d’une semaine, car d’El Chalten, nous avions prévu retourner à Puerto Natales et prendre un ferry dans les fjords chiliens (article à venir). Cela allait nous permettre d’explorer les alentours, réputé pour ces sentiers de randonnées. C’est aussi de là que part la randonnée du mythique Fitz Roy, montagne emblématique de Patagonie ayant entre autres inspiré le logo de la marque de vêtements de sport Patagonia. Le trajet n’a pas pris plus de 3 heures et nous sommes donc arrivés en début d’après-midi. Le soleil radieux et la température agréable nous ont convaincu de faire notre première randonnée, le mirador de los Condores y las Aguilas. Ce sentier de 7,5 km et 200 mètres de dénivelé nous permet d’atteindre un mirador où il n’est pas rare de voir des condors et nous avons eu de la chance et en avons aperçu un qui volait vers le Fitz Roy, de toute beauté! Nous avons pris le reste de la soirée pour faire une épicerie et nous préparer pour la randonnée du Fitz Roy.


Le village d’El Chalten se situe dans le parc national de Los Glaciares. Si l’accès au village n’est pas payant, il faut savoir que depuis l’automne 2024, l’accès à plusieurs randonnées dont le Fitz Roy sont payantes, et que les prix sont les mêmes qu’au glacier Perito Moreno, c’est-à-dire 45 000 ars par personne par jour. Il existe des forfaits 3 jours et 7 jours mais les prix sont tout aussi ridicules, 90 000 ars pour le 3 jours et 157 000 ars pour le 7 jours. Il est aussi bon de mentionner que le village d’El Chalten fut construit qu’en 1985 et qu’il est très touristique. Les prix dans le village y sont facilement 15% plus élevé qu’ailleurs en Argentine. On vient pour les randonnées et les paysages en sachant qu’il y a un coût associé à tout ça.Nous avons débuté la randonnée du Fitz Roy à 6h30 le matin pour deux raisons. Tout d’abord, un trajet de 25 km et 1000 mètres de dénivelé nous attendait. Mais surtout, il est possible de faire la randonnée sans payer si on la débute avant l’arrivée des gardes forestiers. Nous quittions dans le noir, avec nos frontales et plusieurs couches sur le dos, le mercure étant à -2°C. Nous avons franchi les premiers kilomètres de la randonnée à la noirceur, profitant de l’obscurité et du silence pour s’imprégner pleinement de la nature qui nous entourait. Et à mesure que nous avancions et que l’aube apparaissait, le Fitz Roy nous est apparu au loin dans toute sa splendeur. Et que dire des couleurs orangées du soleil venues caresser sa paroi. Un spectacle d’une beauté inégalée avait lieu sous nos yeux fatigués, mais ravis de pouvoir vivre ce moment éphémère de notre existence.

Nous avons débuté la randonnée du Fitz Roy à 6h30 le matin pour deux raisons. Tout d’abord, un trajet de 25 km et 1000 mètres de dénivelé nous attendait. Mais surtout, il est possible de faire la randonnée sans payer si on la débute avant l’arrivée des gardes forestiers. Nous quittions dans le noir, avec nos frontales et plusieurs couches sur le dos, le mercure étant à -2°C. Nous avons franchi les premiers kilomètres de la randonnée à la noirceur, profitant de l’obscurité et du silence pour s’imprégner pleinement de la nature qui nous entourait. Et à mesure que nous avancions et que l’aube apparaissait, le Fitz Roy nous est apparu au loin dans toute sa splendeur. Et que dire des couleurs orangées du soleil venues caresser sa paroi. Un spectacle d’une beauté inégalée avait lieu sous nos yeux fatigués, mais ravis de pouvoir vivre ce moment éphémère de notre existence.



La randonnée contient deux sections plus difficiles. Du km 1 au km 5 avec un dénivelé de 400 mètres, mais la montée est néanmoins constante et avec l’énergie du départ, elle s’est faite sans heurts. La partie la plus costaude reste cependant les deux derniers kilomètres jusqu’à l’atteinte de la Laguna Los Très située à la base du Fitz Roy. On doit monter un autre 400 mètres de dénivelé, mais cette fois-ci sur un terrain plus escarpé. Cela nous a demandé un effort considérable et nous étions ravis une fois la laguna atteinte. La récompense en revanche fut des plus incroyables et nous avons profité du moment passé à contempler les sommets et les glaciers nous entourant. Ce fut une de nos dernières randonnées les plus difficiles de Patagonie et la vue devait se mériter. Sur le chemin du retour, nous avons longé la laguna Capri avant de rejoindre le village pour un repos bien mérité.



Compte tenu de la météo, nous avons opté pour faire une autre randonnée le lendemain du Fitz Roy, la Laguna Torre. Distance de 21 km pour un dénivelé de 550 mètres environ, elle nous permettait de récupérer de la veille. L’accès à cette randonnée ne requiert pas de passer devant un garde forestier et selon les avis, l’accès n’est pas payant. Nous l’avons donc débuté avant 9 heures. Les premiers kilomètres se font dans les paysages typiques de la Patagonie. Le sentier traverse la vallée de la rivière Fitz Roy et offre plusieurs panoramiques sur les différents pics et sommets dont bien sûr le Fitz Roy. Ce fut une randonnée très agréable essentiellement pour ces vues et le fait qu’elle soit moins achalandée que le Fitz Roy. Nous avons aussi eu la chance de voir des conures magellaniques, perroquet vivant le plus au sud du monde.



Une fois arrivés à la laguna Torre, nous étions récompensés par le panoramique de la lagune remplie de petits icebergs et en arrière-plan le Cerro Torre, mont aux trois pics hypnotisant. C’est une vue qui a été tout aussi impressionnante que celle de la veille au mont Fitz Roy. Nous ne pouvons que conseiller!


C’est à ce moment que notre séjour à El Chalten se termina. Malgré le fait que nous restions encore quelques jours, il nous a été impossible de continuer à faire des randonnées, un virus ayant atteint Chanel. Grosse toux, congestion nasale, fatigue et mal de gorge furent les principaux symptômes, conséquences de nos efforts des dernières semaines. Nous en avons beaucoup demandé à notre corps et celui-ci avait besoin de repos. Nous avons aussi changé d’hébergement pour deux nuits afin d’être plus confortable. Et aussi souligner l’anniversaire de Chanel en allant souper dans un restaurant local et déguster de bonnes bières de la région. Si nous avions eu la chance de faire une autre randonnée, nous aurions probablement fait la Loma del Pliegue Tumbado permettant des vues sur la Cerro Torre, le Fitz Roy et la vallée de la rivière du même nom. L’arrêt à El Chalten malgré son coût élevé demeure incontournable pour tout randonneur et trippeux de plein-air!
